Aux Tibétains
Depuis longtemps déjà, ils tournent les moulins
S´épanchent dans l´orange,
Tournent les moulins, ici et ailleurs
Je les ai suivis hier aussi
Suivre le chemin
Tourner, contourner, recommencer
Le chapelet glissant entre les doigts
Les robes pourpre et le fushia dispersaient leurs ombres
Derrière les lourds manteaux de laine
La manche délaissée sur le flanc et les tresses des femmes,
Mariées à la ceinture
J´ai tourné moi aussi, le soir,
Tourné autour d´eux
Des regards du haut du rocher suspendu
Calculant la ronde
Ne sachant aucune
Des prières de rotondité
Que leurs mains glanent au vent
Ce n´est qu´un sillon qui s´enfonce
Autour du lieu sacré
La marche passionnée
Compte les pas
Silencieuse ou murmurante
Tourner, contourner, renouveler
J´ai suivi la vieille dame
Courbée et lente
Suivi la patience
Comme un chemin
Lorsque son front s´est posé sur le bois
J´ai mesuré alors
La démesure de tout ce que j´ignorais
L’ombre du sentier
Qu’elle avait depuis longtemps déjà
Parcouru sans moi
Vieille dame, comme vous étiez belle
Votre visage offert
Aux rides du bois !